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Vol d’Art par IA : Le Guide Complet pour Protéger Vos Créations en 2024

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Vol d’Art par IA : Le Guide Complet pour Protéger Vos Créations en 2024

L’escalade est bien plus qu’un sport. C’est un mode de vie, une passion qui inspire de nombreux grimpeurs à devenir artistes. Ils traduisent la verticalité d’une falaise ou la complexité d’un mouvement en œuvres tangibles. Mais que se passe-t-il lorsque cette créativité, parfois même ce gagne-pain, est menacée par une nouvelle forme de vol numérique par intelligence artificielle ?

Pour de nombreux artistes du monde de l’outdoor, l’IA n’est plus un concept lointain. C’est une réalité qui peut piller des années de travail en quelques secondes. C’est l’histoire de Salomé Aubert, une grimpeuse et artiste française dont l’expérience met en lumière un combat que de nombreux créateurs doivent désormais mener contre le plagiat par IA.

Cet article vous explique comment l’intelligence artificielle est utilisée pour copier des œuvres d’art et, surtout, vous donne les clés concrètes et les étapes à suivre pour vous défendre et protéger votre travail artistique.

Quand l’IA s’empare de la créativité : le cas de Salomé Aubert

Salomé Aubert est une experte en santé publique et une grimpeuse passionnée vivant dans le sud de la France. En parallèle de sa carrière scientifique, elle a bâti une communauté de plus de 40 000 personnes sur Instagram autour de ses créations inspirées par l’escalade. Ses dessins, qui mêlent avec subtilité le naturel et le surréel, se retrouvent sur des vêtements, des autocollants et des affiches qu’elle vend via sa boutique en ligne.

En mai 2024, son univers bascule. Elle découvre sur un compte Instagram anonyme une de ses illustrations, mais quelque chose cloche. Le dessin, représentant une grimpeuse sur un cœur de prises, a été altéré. Les ombrages délicats ont disparu, les lignes sont simplifiées et des détails, comme la coiffure, sont devenus grotesques.

Salomé comprend immédiatement : son art a été copié et modifié par une intelligence artificielle.

Le plagiat ne s’arrête pas là. Le compte Instagram renvoie vers une boutique en ligne qui vend cette version déformée de son dessin sur des t-shirts et des sweats à capuche. Le choc est immense. Comment une machine peut-elle s’approprier son style, son travail, pour le transformer en un produit commercial bas de gamme ?

Le vol 2.0 : Comprendre le mimétisme de style par l’IA

L’histoire de Salomé n’est pas un cas isolé. L’explosion des programmes d’IA générative d’images comme Midjourney ou Stable Diffusion a créé un nouveau type de menace : le mimétisme de style.

Ces IA sont entraînées sur des milliards d’images récupérées sur internet, souvent sans le consentement des artistes originaux. Un utilisateur peut alors simplement demander à l’IA de créer une nouvelle image “dans le style de [nom de l’artiste]” pour générer une contrefaçon quasi instantanée.

Pour des artistes comme Salomé, dont le style est unique, cette technique est dévastatrice. L’IA n’a pas besoin de “comprendre” l’art ; elle a juste besoin de l’analyser pour le reproduire. Alors, que faire ?

Protéger son Art de l’IA : 9 Étapes Concrètes pour les Artistes

Face à cette situation, il est facile de se sentir impuissant. Pourtant, des solutions existent. Nous avons consulté le professeur Yvettte Liebesman, directrice du programme de concentration en propriété intellectuelle à la St. Louis University School of Law, pour connaître les démarches concrètes.

(Note : Les informations suivantes ne constituent pas un conseil juridique.)

1. La copie non autorisée est illégale, même avec une IA

La première chose à savoir est fondamentale. Dès que votre œuvre originale est fixée sur un support tangible (comme un fichier enregistré), vous en détenez les droits d’auteur. Copier cette œuvre sans votre permission est une violation de ces droits. Peu importe si le voleur a utilisé une IA pour le faire. La responsabilité revient à la personne qui l’a utilisée pour commettre l’infraction.

2. Même une œuvre modifiée peut être une contrefaçon

“Les tribunaux ne veulent pas que les gens puissent s’en tirer en faisant simplement des changements mineurs”, explique le professeur Liebesman. Si quelqu’un utilise une IA pour altérer votre art, il peut toujours s’agir d’une violation de vos droits. Pour le prouver, il faut généralement démontrer deux choses : l’accès à votre œuvre et une similarité substantielle entre l’original et la copie.

3. Pour agir en justice, l’enregistrement des droits d’auteur est crucial

C’est le point le plus important. Même si vous détenez les droits d’auteur dès la création, vous ne pouvez pas poursuivre quelqu’un en justice aux États-Unis sans avoir préalablement enregistré votre œuvre auprès du U.S. Copyright Office. Si vous enregistrez votre œuvre avant l’infraction, vous pouvez réclamer des dommages et intérêts statutaires pouvant atteindre jusqu’à 150 000 $ par œuvre contrefaite.

4. L’enregistrement est simple et peu coûteux

Enregistrer une œuvre coûte 65 $ et peut se faire entièrement en ligne. Pour un investissement minime, vous vous donnez les moyens de réclamer une somme considérable en cas de vol. Pensez à le faire dès que vous publiez une nouvelle création.

5. Affichez votre protection pour dissuader les voleurs

Une fois vos œuvres enregistrées, faites-le savoir ! Ajouter une simple mention sur votre site web peut faire toute la différence. “Le simple fait d’indiquer sur votre site ‘Copyright registration applied for’ leur signalera : ‘Oh, zut. Si nous copions ceci, nous pourrions être frappés d’une amende de 150 000 $’“, conseille le professeur Liebesman.

6. Utilisez la notification de retrait DMCA

Que votre œuvre soit enregistrée ou non, vous avez le droit de faire retirer le contenu volé. Le Digital Millenium Copyright Act (DMCA) oblige les hébergeurs de sites web (comme Instagram) à retirer un contenu si le détenteur des droits d’auteur le signale. Cherchez un lien “DMCA” ou “Signaler une violation” sur le site concerné.

7. Les artistes non-américains sont aussi protégés

Grâce à la Convention de Berne, un traité international, les artistes étrangers bénéficient des mêmes protections du droit d’auteur aux États-Unis que les citoyens américains. Cela signifie que les créations de Salomé Aubert, même réalisées en France, sont protégées.

8. Le droit international est complexe, mais ne baissez pas les bras

Appliquer la loi à l’étranger, par exemple contre des plateformes basées en Chine comme TEMU, est compliqué. Cependant, de nombreux sites étrangers proposent également des procédures de notification de retrait. “C’est facile et ça ne coûte rien d’essayer”, encourage le professeur Liebesman.

9. Prévention : Utilisez des logiciels pour “empoisonner” les IA

La meilleure défense est parfois l’attaque. Des chercheurs ont développé un logiciel gratuit appelé Glaze. Cet outil modifie subtilement les pixels de votre image d’une manière invisible à l’œil nu, mais qui “empoisonne” les données pour les IA. Si une IA tente d’analyser une image “glazée”, elle ne pourra pas en comprendre le style et donc pas le copier.

Conclusion : Reprenez le contrôle de votre art

L’intelligence artificielle représente un défi sans précédent pour les artistes. Mais l’histoire de Salomé Aubert nous enseigne que l’impuissance n’est pas une fatalité. En comprenant vos droits et en utilisant les outils à votre disposition, vous pouvez ériger des barrières solides contre le vol numérique. Enregistrez vos œuvres, affichez votre protection, utilisez les notifications de retrait et explorez des logiciels comme Glaze. Votre art est précieux. Ne laissez pas un algorithme le dévaloriser. Il est temps de se battre pour la reconnaissance et le respect de la créativité humaine.

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