Zach Galla entre dans l’histoire de l’escalade avec un doublé en 9A
Imaginez atteindre le sommet de votre discipline. Maintenant, imaginez le faire deux fois en quelques jours. C’est la prouesse monumentale que vient de réaliser Zach Galla, un grimpeur américain de 25 ans qui a redéfini les limites de la performance en escalade de bloc. En seulement une semaine, il a enchaîné deux des blocs les plus difficiles du monde, cotés 9A, dans le désert de Red Rocks, au Nevada. Une performance qui le propulse instantanément au panthéon des meilleurs grimpeurs de la planète.
Cet enchaînement spectaculaire concerne deux noms qui font rêver la communauté : « Shaolin » et le mythique « Return of the Sleepwalker ». Réussir un seul bloc de cette difficulté représente souvent le projet d’une vie. Les enchaîner avec une telle rapidité est tout simplement historique, et témoigne d’un état de forme physique et mental exceptionnel.
Shaolin : Le combat mental du premier 9A
L’aventure de Zach Galla a commencé par une bataille acharnée sur les prises de « Shaolin ». Ce bloc, d’une difficulté extrême, a représenté un véritable défi psychologique pour le jeune athlète. Chaque essai, chaque mouvement manqué ajoutait une pression supplémentaire. Mais après un combat éprouvant, il a finalement atteint le sommet, réalisant ainsi son tout premier 9A.
Cette première victoire a eu un effet inattendu et profond. Loin de l’épuiser, elle l’a libéré. « Terminer « Shaolin », c’est comme si on m’avait littéralement retiré un poids des épaules. Mon esprit était enfin libre, toute la pression que je m’imposais avait disparu », confie-t-il. C’est avec cet état d’esprit renouvelé, léger et confiant, qu’il s’est tourné vers son second objectif, un projet encore plus ambitieux.
« Return of the Sleepwalker » : sur les traces d’une légende
Quelques jours plus tard, libéré de toute pression, Zach Galla s’est attaqué à un véritable monument de l’escalade américaine : « Return of the Sleepwalker ». Ce bloc n’est pas n’importe lequel. Ouvert en 2021 par la légende Daniel Woods, il est devenu le tout premier 9A des États-Unis, une ligne de référence pour l’élite mondiale. Avant Galla, seuls cinq grimpeurs avaient réussi à répéter cet enchaînement de mouvements surpuissants et complexes.
En signant la sixième ascension, Zach Galla ne fait pas que répéter un exploit ; il s’inscrit dans l’histoire de sa discipline. Ce qui rend sa réussite encore plus impressionnante, c’est la manière dont il y est parvenu.
Une méthode innovante pour conquérir « Return of the Sleepwalker »
Pendant longtemps, Zach avait approché ce bloc avec une certaine distance, presque sans y croire. « C’est un bloc que j’ai toujours essayé en parallèle d’autres projets, parce que la méthode que je pensais devoir utiliser me donnait l’impression que l’enchaînement complet était hors de portée », explique-t-il. La solution semblait physiquement trop exigeante, voire impossible.
Mais cette saison, quelque chose a changé. Plus fort, et surtout plus lucide grâce à sa réussite dans « Shaolin », il a posé un regard neuf sur le bloc. Il a alors découvert une nouvelle méthode, une séquence de mouvements différente qui lui a permis de contourner la section qui le bloquait. En trouvant une prise intermédiaire cruciale, il a pu sauter plusieurs mouvements difficiles et optimiser sa dépense d’énergie. « Une fois que j’ai trouvé cette nouvelle méthode, tout est allé très vite », assure-t-il. Ce qui semblait hors de portée est soudainement devenu possible.
Deux styles, une même difficulté extrême
Fait intéressant, le processus pour venir à bout de ces deux monstres de pierre a été radicalement opposé. Alors que « Shaolin » demandait une précision chirurgicale et un alignement parfait des planètes, rendant chaque tentative aléatoire, « Return of the Sleepwalker » était un défi de pure puissance physique, plus contrôlable.
« Le style de « Return » me permettait beaucoup plus de contrôler le résultat. À l’inverse, la précision demandée par « Shaolin » rendait l’enchaînement beaucoup plus aléatoire, même si, paradoxalement, quand tout s’alignait, ça semblait presque facile », analyse le grimpeur. Cette dualité montre à quel point l’escalade de très haut niveau est une discipline complexe, où la force brute ne suffit pas toujours.
La cotation 9A en question : La perspective de Galla
La performance de Zach Galla soulève également une réflexion intéressante sur la cotation en escalade de bloc. Le niveau 9A représente la limite actuelle des capacités humaines. Cependant, selon Galla, la distinction entre un 8C+ très difficile et un 9A « facile » est parfois minime.
« Les cotations au sommet sont dans une zone un peu étrange », explique-t-il. « Des détails comme la taille des doigts ou l’envergure peuvent complètement changer la perception d’un bloc. » Un mouvement peut sembler aisé pour un grimpeur de grande taille et devenir un véritable verrou pour un autre plus petit.
Sans vouloir se prononcer définitivement sur la hiérarchie entre les deux blocs, il affirme une chose avec certitude : « Si je compare « Return » et « Shaolin » aux 8C+ que j’ai déjà faits, ce sont clairement deux gros paliers au-dessus. […] Au-delà des chiffres, ce sont clairement les deux blocs les plus durs et les plus beaux que j’aie jamais grimpés. »
Zach Galla : Un nom incontournable de l’escalade de bloc américaine
À seulement 25 ans, Zach Galla s’est solidement établi comme l’un des bloqueurs les plus performants des États-Unis. Son carnet de croix est une collection impressionnante des blocs les plus durs du pays, avec des réalisations comme « Hypnotized Minds » (8C+), « Grand Illusion » (8C+) ou encore « The Process » (8C+).
Cette double réussite en 9A n’est donc pas un hasard, mais l’aboutissement d’années de travail et de dévouement. En réalisant deux des trois blocs les plus difficiles des États-Unis en une seule semaine, il rejoint un cercle très fermé de grimpeurs et termine son année de la plus belle des manières. Le monde de l’escalade a les yeux rivés sur lui, attendant de voir quelle sera la prochaine limite qu’il repoussera.
