Iter Tenebris : L’ultra-trail de 147 km de Nicolas Bonacchi pour affronter ses ténèbres
Quand le sport devient une quête de développement personnel, chaque kilomètre parcouru prend une dimension nouvelle. Découvrez l’histoire de Nicolas Bonacchi, 24 ans, qui, à travers son projet « Iter Tenebris », transforme un ultra-trail de 147 km en une épopée philosophique. Un défi solitaire pour affronter ses démons intérieurs et se réinventer.
Dans le monde de l’ultra-endurance, les motivations sont multiples : performance, classement, dépassement de soi. Pour Nicolas, l’objectif est une introspection. Il ne s’agit pas de battre un record, mais de se rencontrer. Le 21 décembre, jour du solstice d’hiver, il s’élancera à minuit pour un parcours symbolique reliant Nîmes à Mende, tracé pour faire face aux fantômes de son passé. Une aventure humaine et sportive hors du commun.
Iter Tenebris : Un Ultra-Trail Hors Norme de 147 km
Loin des courses officielles, l’Iter Tenebris est un défi personnel, une trace imaginée pour répondre à un besoin intime. Les chiffres sont impressionnants : 147 kilomètres à parcourir en solitaire, avec un dénivelé positif exigeant de 3 000 à 3 750 mètres. L’effort est estimé entre 24 et 30 heures continues.
Le départ sera donné à minuit depuis les Jardins de la Fontaine à Nîmes, un lieu historique pour un voyage intérieur. L’arrivée est tout aussi symbolique : le collège Henri-Bourrillon à Mende, un lieu associé à des souvenirs douloureux que Nicolas a choisi de confronter par cette course à pied.
Les Origines du Projet : Pourquoi un Trail de Nîmes à Mende ?
Ce parcours est le cœur du défi. Pour marquer une rupture et une transition dans sa vie, Nicolas a d’abord envisagé un trail de 100 kilomètres. En traçant un cercle sur une carte, deux destinations se sont révélées : Marseille ou Mende.
« Mende, la symbolique est belle parce que j’ai vécu beaucoup de solitude quand j’étais là-bas. Il y a eu du harcèlement au collège, ça n’a pas été simple. Et l’accueil non plus », explique-t-il.
Plutôt que de fuir ce passé, il a décidé de courir vers lui, transformant la douleur en moteur. Ce trail est un pèlerinage moderne, un retour sur les lieux d’une adolescence difficile pour clore ce chapitre. Le parcours a même été allongé de près de 50 km pour amplifier la symbolique de ce voyage initiatique.
Une Quête Philosophique : « Aller Chercher Ses Ténèbres Personnelles »
Le nom du projet, « Iter Tenebris », signifie « le chemin à travers les ténèbres » en latin. Il résume l’ambition de Nicolas, inspirée par des philosophes comme Sénèque et des œuvres comme la Divine Comédie de Dante. Ce défi transcende le physique pour devenir une introspection profonde.
« L’idée, c’est d’aller chercher ces ténèbres personnelles, on pourrait dire. C’est à la limite entre le spirituel, le philosophique et le sportif. Je pense que ce sera une expérience transformatrice, en tout cas. Forcément, ça fera ressortir des choses », avance encore Nicolas Bonacchi.
Le choix de la date, le 21 décembre, nuit du solstice d’hiver, est un puissant symbole. S’élancer dans la nuit la plus longue de l’année est une métaphore de sa quête de résilience : plonger dans l’obscurité pour y trouver la force de renaître.
Une Préparation Méticuleuse pour un Défi d’Ultra-Endurance
Ce qui rend ce défi encore plus remarquable, c’est que Nicolas a découvert le trail il y a seulement deux ans. Après des expériences sur le Nîmes Urban Trail (NUT) et la Veni Vici (72 km), il franchit un cap immense avec seulement six semaines de préparation spécifique, basée sur une approche intelligente.
Entraînement : Discipline et Écoute de Soi
Loin d’un volume d’entraînement excessif, sa préparation se concentre sur l’essentiel.
« J’ai fait un entraînement adapté, sans exagérer le volume, mais en habituant le corps petit à petit à l’endurance fondamentale, à trouver mon rythme, à trouver ma respiration, et à comprendre qu’il allait falloir être discipliné », détaille-t-il.
Cette approche souligne l’importance de l’écoute de son corps et de la gestion du sommeil, des compétences clés en ultra-endurance.
Nutrition : Le Choix du Naturel et du Local
À contre-courant des produits énergétiques transformés, Nicolas opte pour une nutrition naturelle et locale, ancrant son défi dans l’authenticité de son territoire.
« C’est ce qui fait ma spécificité dans ce trail-là aussi. C’est le côté naturel. Je n’utilise pas de gel énergétique. Je n’en ai jamais pris. Ça me tient à cœur d’être dans le naturel avec des produits laitiers venus des Halles ou un herboriste local. »
Cette philosophie s’étend à son équipement, fourni par une boutique nîmoise. Durant l’épreuve, il sera assisté par son ami Noa Bertrand à des points de ravitaillement stratégiques.
Au-delà des Ténèbres : Un Avenir Tourné vers la Lumière
Malgré les incertitudes (parcours non balisé, froid, solitude), la détermination de Nicolas est intacte. Il souhaite partager son aventure en réalisant un documentaire vidéo, de la préparation à l’arrivée.
Ce projet n’est qu’une première étape. Il vise déjà des monuments de l’ultra-trail comme l’Infinity Trail ou le mythique Tor des Géants (330 km et 24 000 m de D+), témoignant d’une ambition naissante.
L’Iter Tenebris est une formidable leçon de courage et de résilience. C’est la preuve que l’ultra-endurance peut être un puissant outil de développement personnel. En courant au-devant de ses peurs, Nicolas Bonacchi écrit une histoire où, de ses ténèbres, jaillira sans aucun doute la lumière.
