Démission d’Alain Carrière : Quel avenir pour la FFME après un mandat de transformations ?
Séisme à la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade (FFME) : le président Alain Carrière a annoncé sa démission ce 6 décembre 2025. Cette décision vient clore une présidence de quatre ans, marquée par des succès historiques et des défis structurels. À 70 ans, il choisit de « passer le relais » après une ère de croissance record, de consécration olympique, mais aussi de tensions internes. Quel est le bilan de la présidence Carrière et quel avenir se dessine pour la FFME ?
L’arrivée à la tête d’une fédération en pleine mutation
En avril 2021, Alain Carrière prend la présidence de la FFME dans un contexte d’effervescence. L’escalade connaît une popularité sans précédent, notamment grâce à son entrée aux Jeux Olympiques, qui a projeté ce sport sur la scène mondiale et attiré de nombreux nouveaux pratiquants.
Cette dynamique s’est accompagnée de défis de taille. La multiplication des salles d’escalade privées a transformé la pratique indoor, tandis que la question de l’accès aux sites naturels d’escalade est devenue un enjeu majeur, cristallisant les débats entre développement de la pratique et protection de l’environnement. C’est dans ce paysage complexe qu’Alain Carrière a dû tracer sa voie.
Le bilan d’Alain Carrière : une croissance spectaculaire portée par les JO
Le mandat d’Alain Carrière restera gravé dans les mémoires pour la croissance exceptionnelle de la fédération. Sous sa gouvernance, la FFME a vu son nombre de licenciés plus que doubler, une progression largement stimulée par la vitrine olympique.
L’affirmation d’une fédération tri-olympique : escalade, ski-alpinisme et para-escalade
L’un des succès les plus marquants de ce mandat est l’affirmation de la FFME comme une fédération « tri-olympique ». Outre l’escalade, le ski-alpinisme a intégré le programme des JO de Milan-Cortina 2026, et le para-escalade poursuit sa structuration au plus haut niveau. Cette triple reconnaissance a solidifié le statut de la fédération, lui permettant de développer ses pôles d’excellence tout en encadrant une base de pratiquants toujours plus large.
Les grands défis du mandat : sites naturels et salles privées
Malgré des chiffres positifs, la présidence d’Alain Carrière a été jalonnée de dossiers complexes, où les intérêts des différents acteurs du monde de la montagne et de l’escalade se sont souvent opposés.
La gestion complexe de l’accès aux sites naturels d’escalade
La réglementation de l’accès aux falaises a été un point de friction constant. Concilier les impératifs de sécurité, les conventions avec les propriétaires et la protection de la biodiversité s’est avéré être un véritable défi. La politique fédérale sur ce sujet a suscité de vifs débats au sein de la communauté, partagée entre le besoin d’encadrement et la défense d’une pratique libre.
Salles d’escalade privées : entre concurrence et partenariat
L’autre enjeu majeur fut de positionner la fédération face à l’essor du secteur commercial des salles d’escalade. Si ces structures ont démocratisé la pratique, elles ont aussi interrogé le rôle des clubs associatifs affiliés à la FFME. La présidence a tenté de construire des partenariats, mais la cohabitation entre le modèle fédéral et le modèle privé reste une question stratégique pour l’avenir de l’escalade en France.
Démission d’Alain Carrière : un « passage de relais » stratégique
Dans sa lettre de démission, Alain Carrière mentionne des raisons personnelles mais surtout un choix politique réfléchi. Il restera en poste jusqu’à la fin des Jeux Olympiques de Milan-Cortina en février 2026, avant de siéger comme simple membre du Conseil d’administration.
Il décrit son départ comme un moment opportun pour la fédération : « La FFME entre dans une nouvelle phase structurante et ambitieuse. […] C’est précisément parce que cette nouvelle étape s’ouvre qu’il m’apparaît naturel d’organiser ce passage de relais ». Il souligne que la transition est facilitée par une équipe de direction « soudée et efficace ».
Quel avenir pour la FFME après le départ d’Alain Carrière ?
Cette démission ouvre une période de transition. Le Conseil d’administration proposera un successeur qui sera élu par l’Assemblée générale post-JO 2026. Le communiqué officiel se veut rassurant, confirmant que « Le Conseil d’administration […] a pris acte […] de la démission de son Président » et s’engage à poursuivre la stratégie en place.
Le prochain président ou la prochaine présidente héritera d’une fédération plus influente et plus grande, mais confrontée à des défis de fond. La consolidation du modèle économique, la clarification des liens avec les salles privées et la pérennisation de l’accès aux sites naturels seront les dossiers brûlants de la prochaine mandature. Le mandat d’Alain Carrière, riche et contrasté, aura été celui d’une profonde transformation, laissant une fédération propulsée dans une nouvelle dimension.
