Charles Dubouloz : Son exploit et l’annonce choc sur la fin de sa carrière en solo hivernal
Un exploit majuscule suivi d’une confidence qui résonne comme un testament sportif. Charles Dubouloz, l’un des alpinistes français les plus doués de sa génération, vient de marquer l’histoire de la montagne avec un nouvel exploit. Mais au-delà de la performance, sa déclaration est poignante : après sa « Trilogie hivernale », l’alpinisme solo en hiver à très haute difficulté, c’est très probablement fini pour lui. Retour sur une ascension légendaire et une décision inattendue.
Trilogie Hivernale : L’exploit de Dubouloz sur la « Divine Providence »
À 36 ans, Charles Dubouloz n’est pas un inconnu dans le monde de la montagne. Son nom est associé à des ascensions qui forcent l’admiration. La dernière en date : la voie « Divine Providence » sur le Grand Pilier d’Angle, dans le massif du Mont Blanc. Un monument d’escalade qu’il a gravi seul, en plein hiver. Cet exploit est le premier acte de son projet hors norme : la « Trilogie hivernale ». Un périple qui consiste à enchaîner trois ascensions majeures dans trois massifs, en se déplaçant uniquement à vélo. Pourtant, à peine redescendu, l’athlète se projette déjà vers la fin de ce chapitre de sa vie, celui de l’engagement extrême en solitaire.
Divine Providence : 6 jours en solitaire face au Mont Blanc
Pour comprendre la portée de l’annonce de Charles Dubouloz, il faut mesurer l’ampleur de son dernier exploit. « Divine Providence » est l’une des voies les plus difficiles pour atteindre le sommet du Mont Blanc. Ses 900 mètres de paroi quasi verticale (cotation ED4 7b) représentent un engagement total où la moindre erreur peut être fatale.
S’attaquer à ce monstre de roche et de glace en hiver, quand le froid et la météo rendent tout plus précaire, est déjà exceptionnel. Mais le faire en solitaire relève d’une autre dimension. Pendant 6 jours et 5 nuits, Charles Dubouloz n’a compté que sur lui-même, suspendu entre ciel et terre pour gérer chaque mouvement, chaque décision et chaque doute.
La Trilogie Hivernale : Un défi sportif et écologique unique
L’ascension de « Divine Providence » n’est que le début d’une aventure plus vaste. La Trilogie hivernale de Charles Dubouloz mêle performance sportive de très haut niveau et une approche écologique de la montagne. Le concept est aussi simple que redoutable :
- Acte 1 : Le massif du Mont Blanc avec « Divine Providence ».
- Acte 2 : Le massif des Écrins, avec une autre voie majeure.
- Acte 3 : Les Pyrénées, pour conclure ce triptyque alpin.
La particularité de ce projet réside dans les transitions : aucun véhicule motorisé. Charles relie ces trois massifs à vélo. Pour cette première étape, il est parti d’Annecy pour rejoindre Chamonix. « Je fais du vélo depuis que je suis gamin, j’ai passé ma jeunesse sur un vélo, j’adore ça. Dans le cadre de ce projet, cela faisait sens », confie-t-il.
Le prix de l’engagement extrême : « Je suis exténué »
Un tel engagement physique et mental laisse des traces. À son retour, Charles Dubouloz ne cache pas son épuisement, ayant perdu 8 kilos dans l’aventure, un signe de l’intensité de l’effort.
« Je suis exténué », avoue-t-il. « Je suis parti à vélo d’Annecy jusqu’à Chamonix puis j’ai remonté la mer de glace […] en ski de randonnée donc j’avais déjà quelques kilomètres au compteur […]. Au total, ça m’a pris 6 jours et 5 nuits en bivouac […]. Je ne pensais pas puiser autant dans mes réserves. » Cette fatigue semble avoir été un catalyseur dans sa réflexion.
Un parcours d’alpiniste marqué par des exploits hors norme
La décision de Charles Dubouloz de potentiellement arrêter l’alpinisme solo hivernal de cette envergure s’inscrit dans un parcours déjà légendaire. En janvier 2022, il réalisait la première ascension en solitaire hivernale de la voie « Rolling Stones » dans la face nord des Grandes Jorasses, un autre exploit de 6 jours sur 1200 mètres, comme le rapportait Montagnes Magazine. Son palmarès inclut aussi des ascensions comme « Manitua » (ED+ 7c) à la journée ou la face nord des Drus en solo hivernal.
« L’alpinisme solo en hiver, c’est quasi sûr que c’est fini » : Une annonce choc
C’est la phrase qui a surpris le monde de la montagne, prononcée avec le calme d’une décision mûrement réfléchie. Après cette trilogie, qui s’annonce comme l’apogée de sa carrière en solitaire, Charles Dubouloz envisage la suite différemment. Il ne s’agit pas d’arrêter l’alpinisme, mais de le pratiquer autrement, loin de l’isolement et du danger extrême du solo hivernal.
Cette discipline, la plus pure pour certains, est aussi la plus exigeante et dangereuse. Elle demande une résistance physique et mentale hors du commun. La déclaration de Charles Dubouloz est un témoignage rare sur la carrière d’un athlète qui sait reconnaître le bon moment pour conclure un chapitre.
Quel avenir pour Charles Dubouloz ?
L’aventure n’est pas finie. Deux actes de sa Trilogie hivernale attendent encore l’alpiniste. Le public suivra avec une attention redoublée ce qui ressemble désormais à un tour d’honneur, un dernier ballet en solitaire avec les géants de glace.
Charles Dubouloz, par son talent et son humilité, nous rappelle que la plus grande victoire en montagne n’est pas seulement d’atteindre le sommet, mais aussi de savoir choisir le chemin pour la suite. Un chemin qui s’écrira peut-être avec d’autres compagnons de cordée, mais toujours avec la même passion.
