Adam Ondra Réalise un Flash Historique sur « Greenspit » (8b+ Trad), la Fissure Mythique d’Escalade
L’histoire de l’escalade vient de connaître un nouveau chapitre mémorable. Le grimpeur tchèque Adam Ondra, prodige mondialement reconnu, a signé une performance qui restera dans les annales : le premier flash de « Greenspit », une fissure en 8b+ trad considérée comme l’une des plus emblématiques et difficiles d’Europe. Située dans la magnifique Valle dell’Orco en Italie, cette voie est un véritable monument de l’escalade traditionnelle.
Cet exploit, réalisé en novembre 2023, confirme une fois de plus le talent hors norme et l’incroyable polyvalence d’Ondra. Pour saisir toute la portée de cet événement, il est essentiel de revenir sur l’histoire de cette fissure légendaire et de comprendre les codes d’une discipline aussi exigeante que l’escalade trad.
« Greenspit » : Plus qu’une Voie, un Mythe de l’Escalade en Fissure
Avant d’être un défi pour les grimpeurs, « Greenspit » est une ligne d’une pureté spectaculaire : une fissure parfaite qui zèbre un toit horizontal de 12 mètres. Un spectacle à couper le souffle qui a immédiatement attiré les pionniers de l’escalade locale.
Des Origines Audacieuses à la Naissance d’une Légende Trad
L’histoire de « Greenspit » commence au milieu des années 1980. C’est Roberto Perucca qui équipe la voie pour la première fois. À l’époque, le style est différent : il peint des spits en vert (d’où le nom « Greenspit ») pour protéger l’ascension. La voie est née, mais son âme « traditionnelle » reste encore à définir.
Le tournant a lieu en 2003. Le grimpeur suisse Didier Berthod, spécialiste des fissures, a une vision. Il décide de retirer les points d’assurance fixes pour grimper la voie dans un style plus pur, en utilisant uniquement des protections amovibles (des « coinceurs »). En 2005, il signe la première ascension en pur style « trad », c’est-à-dire en posant lui-même ses protections au fur et à mesure de sa progression. « Greenspit » devient alors une référence mondiale de l’escalade en fissure.
La Valle dell’Orco, le « Yosemite Européen »
L’escalade en fissure est une pratique relativement rare en Europe, son véritable temple se trouvant dans la vallée du Yosemite aux États-Unis. Pourtant, un lieu sur le vieux continent rivalise avec ce spot de légende : la Valle dell’Orco. Comme le souligne PlanetMountain, « La Valle dell’Orco est surnommée le Yosemite européen », et ce n’est pas un hasard. Ses parois de granit offrent des lignes pures et exigeantes, idéales pour cette pratique.
Le Flash Historique d’Adam Ondra : Une Démonstration de Maîtrise Absolue
Réussir « Greenspit » est déjà un exploit en soi. Mais le faire en « flash » relève du génie. Pour les non-initiés, un flash consiste à réussir une voie d’escalade à sa toute première tentative, après avoir reçu des informations ou observé un autre grimpeur. C’est une performance qui exige une lecture parfaite de la voie, une planification mentale sans faille et une exécution parfaite.
Une Préparation Méticuleuse pour un Défi Unique
Adam Ondra n’a rien laissé au hasard. Conscient de l’enjeu, il s’est préparé pour ce défi. Il confie lui-même :
« Mon objectif était clair : ‘Greenspit’. J’ai pu obtenir les méthodes grâce à Marcello Bombardi, et je tenais vraiment à mettre un bel essai flash sur cette voie mythique. »
Cette approche méthodique, combinée à son immense talent, a pavé la voie de ce succès historique.
Pour Ondra, cette visite était une première :
« Je n’étais encore jamais allé là-bas et j’avais hâte de découvrir enfin ce spot ! J’ai eu la chance d’être guidé par Andrea Giorda, une légende locale qui a ouvert plusieurs fissures emblématiques dans les années 1970 et 1980. »
Un Combat Intense sous le Toit de « Greenspit »
La vidéo de son ascension est captivante. On y voit un Adam Ondra d’une concentration absolue, progressant avec une puissance et une fluidité déconcertantes sous le toit horizontal. Chaque mouvement est précis, chaque placement de coinceur est optimisé. La tension monte dans la section finale. Alors qu’une de ses protections glisse, menaçant de le faire chuter, le Tchèque ne panique pas. Il puise dans ses réserves, serre les dents et atteint le sommet dans un cri libérateur, mélange de rage et de joie. Un moment d’anthologie qui illustre parfaitement sa force mentale.
Un Rite de Passage pour l’Élite Mondiale de l’Escalade
Depuis sa libération par Didier Berthod, « Greenspit » est devenue un passage obligé pour les meilleurs spécialistes de la discipline. La liste des grimpeurs qui s’y sont frottés ressemble au « who’s who » de l’escalade trad. Des noms comme Nico Favresse, Tom Randall, ou encore Babsi Zangerl, qui a signé la première ascension féminine en 2020, ont tous laissé leur marque sur cette fissure. Chacun a confirmé son caractère unique, où la technique de coincement et la précision des placements sont les clés du succès.
Un Automne de Performances Stratosphériques pour l’Escalade
L’exploit d’Adam Ondra s’inscrit dans une période particulièrement faste pour l’escalade de haut niveau. Il semble que les athlètes soient dans une forme étincelante, repoussant les limites de leur sport sur tous les fronts.
- La Slovène Janja Garnbret a récemment marqué les esprits en réussissant le bloc mythique « Dreamtime » (8C) à Cresciano.
- La Coréenne Chaehyun Seo a brillé en Espagne, flashant « El Gran Blau » (8b+/c) avant d’enchaîner le redoutable « Papichulo » (9a+).
- L’Italienne Laura Rogora a également confirmé son retour en force en réalisant plusieurs voies dans le neuvième degré à Saint-Léger.
Ces performances, dans des styles aussi variés que le bloc, la falaise et le trad, témoignent de la vitalité et du dynamisme exceptionnels du monde de l’escalade. L’exploit d’Adam Ondra sur « Greenspit » n’est pas seulement une victoire personnelle ; c’est une source d’inspiration pour toute une génération de grimpeurs et une preuve que les limites sont faites pour être repoussées.
