À seulement 21 ans, le prodige français de l’escalade, Mejdi Schalck, vient de marquer les esprits en réalisant l’ascension de « Sleepwalker », un bloc d’une difficulté extrême situé à Red Rocks, aux États-Unis. En réussissant ce passage mythique, il confirme son statut d’athlète hors norme, aussi à l’aise sur les murs de compétition que sur les rochers les plus exigeants du monde.
Sleepwalker : Un Mythe de l’Escalade Américaine
Pour comprendre la portée de cet exploit, il faut d’abord saisir ce que représente « Sleepwalker ». Il ne s’agit pas d’un simple bloc, mais d’une véritable légende dans le monde de l’escalade de haut niveau.
Une Ligne de Légende à Red Rocks
Niché au cœur du Black Velvet Canyon, dans le désert du Nevada, « Sleepwalker » est une ligne qui impose le respect. Son profil déversant et ses prises minuscules exigent une combinaison parfaite de puissance, de technique et de résistance. C’est le genre de défi que seuls les meilleurs grimpeurs de la planète peuvent espérer relever.
Ouvert en 2018 par l’Américain Jimmy Webb après onze jours de travail acharné, le bloc avait initialement été annoncé à une cotation de 8C+. Dans le monde de l’escalade, la cotation est une échelle de difficulté. Atteindre le 8C est déjà un exploit rare, mais 8C+ représente la frontière de ce qui est humainement possible.
Le Débat sur la Difficulté : 8C ou 8C+ ?
Depuis son ouverture, « Sleepwalker » a attiré les plus grands noms de la discipline, comme Daniel Woods ou Nalle Hukkataival. Avec le temps et les répétitions, un consensus s’est formé autour d’une cotation de 8C (ou V15 selon le système américain). Cependant, la difficulté reste si spécifique que certains, comme le grimpeur Jun Shibanuma, continuent de la considérer comme 8C+. Ce débat illustre bien à quel point on touche ici au summum de la performance, où chaque mouvement est un combat.
L’Ascension de Mejdi : Entre Puissance et Stratégie
Pour Mejdi Schalck, venir à bout de « Sleepwalker » n’était pas qu’une simple performance physique. C’était l’aboutissement d’un rêve et le fruit d’une préparation méticuleuse, tant sur le plan physique que mental.
Un Rêve de Grimpeur
Après plusieurs semaines passées dans le désert du Nevada à s’acclimater au grès si particulier de Red Rocks et à composer avec des conditions météo parfois capricieuses, le jeune Français a enfin trouvé la clé. Cette ascension représente bien plus qu’une ligne de plus à son palmarès. « C’est un bloc que j’ai toujours rêvé de grimper », a-t-il confié, soulignant l’importance personnelle de ce projet.
Cette réussite est son quatrième bloc coté 8C, après « La Force Tranquille » en Suisse, « The Big Island » à Fontainebleau, et une autre performance majeure réalisée quelques jours plus tôt aux États-Unis.
La Force du Mental
À ce niveau d’exigence, la force brute ne suffit plus. La différence se fait souvent dans la tête. Mejdi Schalck en est la preuve vivante, insistant sur l’importance de l’approche mentale. « J’ai vraiment appris de nouvelles choses sur mon escalade, et sur la façon dont ma stratégie et mon état d’esprit peuvent littéralement tout changer dans l’issue d’un projet », explique-t-il. Cette maturité dans l’approche de la performance est sans doute l’une de ses plus grandes forces.
Un « Trip » Américain Exceptionnel
Ce succès sur « Sleepwalker » vient couronner un voyage aux États-Unis déjà exceptionnel pour le grimpeur, qui était accompagné de Jules Marchaland et Simon Lorenzi.
Confirmation dans le Colorado
Juste avant de s’attaquer à ce monstre de Red Rocks, Mejdi avait déjà fait sensation dans le Colorado. Il y a réussi l’ascension de « Defying Gravity », un autre 8C de référence ouvert par Daniel Woods. Il lui aura fallu deux semaines pour en venir à bout, en utilisant une méthode particulièrement physique dite « no-foot » (sans les pieds), démontrant une forme éblouissante.
Mejdi Schalck : Le Phénomène aux Deux Visages
La performance de Mejdi Schalck est d’autant plus impressionnante qu’elle s’inscrit dans un double projet : briller sur le rocher tout en dominant le circuit international de compétition.
De la Compétition au Rocher
À seulement 21 ans, le grimpeur de Chambéry a déjà un palmarès impressionnant en compétition, avec plusieurs médailles lors des Coupes du Monde de bloc en 2025. Sa capacité à transférer cette explosivité et cette précision sur le rocher naturel est ce qui le distingue. Il prouve qu’il est possible d’être l’un des meilleurs au monde dans ces deux disciplines si différentes.
Loin de se reposer sur ses lauriers, Mejdi Schalck a déjà les yeux tournés vers l’avenir. Ses prochains projets à Red Rocks incluent des noms qui font frémir les spécialistes : « Return of the Sleepwalker » (la version assise, encore plus dure), « The Nest » ou encore « Shaolin ». Son ambition semble sans limites, et il conclut avec une motivation qui en dit long : « J’ai hâte de voir où tout ça va me mener, et jusqu’où je peux aller ». Une chose est sûre : le monde de l’escalade n’a pas fini d’entendre parler de lui.
