Le monde de l’alpinisme est en deuil après la mort du guide de haute montagne Thomas Vialletet, survenue le 25 novembre 2025. L’alpiniste français a été victime d’une chute mortelle sur l’Aoraki/Mt Cook, en Nouvelle-Zélande, aux côtés de son client et ami, Kellam Conover. Ces mots, laissés sur Instagram par le photographe Marc Daviet, « J’aurais tellement aimé découvrir la Nouvelle-Zélande à tes côtés », résonnent avec une tristesse infinie.
Originaire des Hautes-Alpes et installé en Nouvelle-Zélande depuis une décennie, Thomas Vialletet était une figure respectée. Reconnu pour son expertise et sa gentillesse, il était un pilier de la communauté des guides. Cet article retrace le parcours d’un professionnel passionné et les circonstances de ce tragique accident en montagne.
Accident mortel sur l’Aoraki/Mt Cook, géant de Nouvelle-Zélande
Dans la nuit du 25 novembre, les conditions semblaient idéales pour la traversée de l’Aoraki/Mt Cook (3 724 m), plus haut sommet du pays. Thomas Vialletet et son client américain, Kellam Conover, progressaient sur l’arête sommitale ouest. Partis tard de l’Empress Hut pour bénéficier d’une neige dure, ils évoluaient de nuit, une pratique courante dans ce type de course.
Le drame s’est produit vers 23 h 50. Pour une raison encore indéterminée, la cordée a basculé dans le vide. L’autre cordée, qui suivait, a assisté impuissante à la scène et a immédiatement donné l’alerte.
Les circonstances de l’accident
Les secours héliportés, guidés par les lampes frontales des survivants, sont intervenus rapidement pour les évacuer. Les corps de Thomas Vialletet et de Kellam Conover ont été localisés et récupérés plus tard dans la matinée.
L’hypothèse privilégiée est celle d’un dévissage du client. Selon le guide Frédéric Degoulet, « la chute de l’alpiniste a été causée par un dévissage de son client ». En progression en corde tendue, une technique où les alpinistes avancent simultanément, la moindre glissade peut avoir des conséquences fatales si le second de cordée ne parvient pas à enrayer la chute.
Aoraki/Mt Cook : un sommet réputé dangereux
Si l’Aoraki/Mt Cook est célèbre pour sa beauté, il l’est aussi pour sa dangerosité. Plusieurs facteurs de risque expliquent sa réputation :
- Un terrain fortement glaciaire, exposé aux chutes de séracs et aux crevasses.
- Un isolement géographique le soumettant à des conditions météorologiques brutales venues de la mer de Tasman.
- Un rocher de mauvaise qualité (greywacke), propice aux éboulements.
Avec près d’une centaine de victimes, le bilan humain de ce sommet rappelle que le risque zéro n’existe pas en haute montagne, même pour les alpinistes les plus expérimentés.
Thomas Vialletet : un guide IFMGA respecté en Nouvelle-Zélande
La New Zealand Mountain Guides Association (NZMGA) a rapidement confirmé la nouvelle. « Dans les heures qui suivent l’accident, la NZMGA confirme que le guide décédé est bien Thomas Vialletet, membre de son comité exécutif. »
Son implication au sein du comité exécutif témoigne de son statut. Anna Keeling, présidente de l’association, le décrit comme un professionnel prudent et consciencieux. Il détenait la qualification de guide IFMGA, la plus haute certification internationale, attestant de son expertise.
De la passion à la transmission
Installé à Wānaka, Thomas avait co-fondé l’agence Summit Explorers avec sa compagne, Danielle. Leur objectif était de proposer des séjours sur mesure dans les Alpes du Sud, en mettant l’accent sur la sécurité en montagne et la progression des clients.
Quelques semaines avant le drame, il partageait sa joie sur Instagram après une ascension rare : « Quel début de saison d’alpinisme en Nouvelle-Zélande ! (…) C’est comme un rêve professionnel devenu réalité pour moi… » Un témoignage de sa passion intacte pour son métier.
Des Hautes-Alpes à la Nouvelle-Zélande, une vie dédiée à la montagne
Né à Serres dans les Hautes-Alpes, Thomas Vialletet a grandi avec la montagne comme terrain de jeu. La Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade (FFME) a partagé sa peine : « C’est avec une grande tristesse que la FFME et les Equipes nationales d’alpinisme ont appris le décès de Thomas Vialletet… »
Un alpiniste aux multiples talents
Son parcours illustre un athlète complet, excellant dans toutes les disciplines de la montagne :
- Escalade jusqu’au 8a+.
- Cascade de glace jusqu’au grade WI6+.
- Alpinisme de grande difficulté (ED+).
- Ouvertures de voies dans les Écrins, en Alaska ou en Chine.
- Ski de pente raide.
Membre de l’Équipe nationale d’alpinisme (2009-2012), il s’est forgé une solide réputation à La Grave avant de s’expatrier.
Hommage à un guide bienveillant et passionné
Au-delà du technicien hors pair, les témoignages unanimes saluent ses qualités humaines. Ses clients le décrivent comme un guide exigeant mais bienveillant, capable de créer un climat de confiance absolue pour pousser chacun à se dépasser.
Son équipe résume l’homme qu’il était : « Thomas a touché d’innombrables vies par sa générosité, sa chaleur et sa force tranquille. (…) Il apportait le meilleur des deux mondes : la chaleur de ses racines françaises et le profond respect qu’il avait pour la Nouvelle-Zélande. »
Une communauté unie dans le deuil
Thomas Vialletet laisse derrière lui sa compagne, Danielle, et leurs deux jeunes enfants. Face à ce drame, un immense élan de solidarité s’est organisé pour soutenir sa famille.
Comme le rapporte Le Dauphiné, « une collecte de fonds a été lancée pour soutenir sa famille. » La page Givealittle a rapidement dépassé les 136 000 dollars néo-zélandais, preuve de l’affection que lui portait sa communauté.
En France, un hommage lui sera rendu en décembre à Serres, son village natal. La montagne a pris l’un des siens, mais le souvenir de Thomas Vialletet restera.
